Quand la cocotte explose 💣


Je suis encore sous le choc.

C'était ma parole contre celle d'une gamine de 12 ans.

J'aurais pu finir avec un casier judiciaire.

Tout ça pour un carnet.

Cet incident malheureux m'a inspiré une réflexion collective sur notre capacité à poser des limites.


J'enseigne à mi-temps en REP et à mi-temps à l'INSPE. Je fais constamment le grand écart entre les 6ème et les Masters. Jusqu'à présent, mis à part les problèmes d'emploi du temps et de transport, j'appréciais la variété de mon travail.

Mais, depuis le début de l'année, je trouve les élèves de plus en plus difficiles et insolents. J'arrive à tenir le cadre et à remettre des élèves dans le droit chemin, mais à quel prix!

Hier, il a fallu que je touche le fond pour m'apercevoir qu'on ne peut ni sauver tout le monde, ni être exemplaire tout le temps.

Ce sentiment d'impuissance et de culpabilité, je l'entends souvent en coaching. 100% des professeurs que je rencontre ont du mal à lâcher sur leur mission d'enseignant. Et, pourtant, ce sont déjà ceux qui en font le plus (voire trop). Mais, ils ont l'impression de trahir leurs élèves ou de les abandonner en consacrant plus de temps à l'agrégation.

On entend tout le temps dans les média qu'on vit dans une société de plus en plus individualiste. Pourtant, ce n'est pas du tout ce que je ressens lorsque je m'entretiens avec des collègues qui donnent tout pour leurs élèves, sans réelle reconnaissance en retour hormis la satisfaction du travail bien fait.

Après ce qui s'est passé hier, j'ai sacrément envie de "remettre l'élise au centre du village" et de redéfinir mes limites.

Cela me parait d'autant plus important que j'enseigne à des futurs professeurs et je passe mon temps à jongler entre la théorie (le cadre institutionnel) et la pratique (ce qui va réellement se passer sur le terrain). Et, j'essaye d'être le plus transparente possible.

Une histoire des plus banales

J'imagine que tu voudrais savoir la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.

Tu vas être choqué d'apprendre que ça aurait très bien pu être toi.

Sans rentrer dans les détails, qui ont leur importance mais qui serait trop longs à relater, j'ai demandé son carnet à une élève que je ne connaissais pas dans un couloir. Elle m'avait manqué de respect et je ne voulais pas laisser passer. Elle n'a pas voulu me le donner. Je l'ai rattrapé par le bras pour ne pas qu'elle s'échappe et lui ai demandé d'ouvrir son sac pour me prouver qu'elle n'avait pas son carnet. Bref, le ton est monté. Plusieurs autres adultes sont intervenus ensuite. Le fait ait que personne n'a réussi à lui faire donner son carnet. Jusque là c'est une scène archi classique de la vie quotidienne en REP. Sauf que! Elle a fini par dévaler les escaliers toute vitesse pour échapper à la sanction. Puis "soit disant" elle aurait fait un malaise dans le hall du collège où il n'y avait personne sauf elle et ses copines. Et, elle a dit à sa mère, qui l'attendait devant la grille, qu'elle se sentait mal parce que je l'avais violemment secoué. Sur ce les pompiers arrivent et ils nous disent que dans ce genre d'incident ils sont obligés d'appeler la police. Encore une fois, je passe sur tout un tas de détails. Mais le fait est que la police me dit que la mère veut porter plainte contre moi. Pour ne pas faire durer le suspens, je vous rassure l'incident s'est réglé à l'amiable dans le bureau de la principale qui a été très pro.

Cette histoire complètement hallucinante, qui ne se serait jamais produite avec un de mes élèves car je sais que même ceux qui n'aiment pas l'anglais ont beaucoup de respect pour moi, m'a mise sans dessus dessous.

Jusqu'à présent, j'ai toujours été passionnée par mon boulot et je ne voyais pas comment les événements pouvaient mal tourner quand on est sincère et authentique. Maintenant, je me rends compte que malheureusement il faut se protéger pour pouvoir continuer à aimer ce que l'on fait. Et, c'est là que ça devient difficile, car tout le monde ne place pas le curseur au même endroit.

Mon hyper-sensibilité a souvent été un super pouvoir, qui m'a permis de connecter avec des élèves en décrochage mais c'est aussi mon talon d'Achille.

Aujourd'hui j'ai envie de remettre tout à plat et repenser mon rapport au travail même s'il ne me reste que 3 mois à mi-temps au collège avant de quitter définitivement le secondaire pour le supérieur.

D'ailleurs, c'est toujours le bon moment pour se demander si on est aligné avec nos choix.

En 10 ans d'enseignement dans le secondaire, j'ai eu un impact sur un millier d'élèves. Maintenant, il faut que j'accepte qu'on ne peut pas sauver tout le monde et surtout que ce n'est pas MA responsabilité.

J'ai un peu hésité à partager tout cela dans ma newsletter car je sais que certains de mes élèves de Master MEEF me lisent et je ne veux pas les dégouter de ce métier que par ailleurs j'adore. Mais, partager mon expérience c'est aussi donner la possibilité aux autres d'apprendre de mes erreurs.

Bonne semaine,

Marie

PS: Les résultats de l'interne commencent à tomber et j'ai eu quand même la joie d'apprendre qu'une de mes coachées est admissible. Ça m'a mis du baume au coeur. J'attends avec impatience le reste des résultats 🤞

🧑‍🎓 Marie MOTARD

Ma devise préférée : "Le succès est inévitable" Dans cet état d'esprit, j'ai créé une méthodologie simple pour réussir l'agrégation sans sacrifier sa vie personnelle. Si j'ai réussi à obtenir l'agrégation d'anglais sans avoir fait d'études d'anglais, vous le pouvez aussi.

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