Nos attentes irréalistes


Me revoilà!

J’aurais aimé ajouter « …et en pleine forme ».

Mais je déteste mentir.

Cette pause était nécessaire, mais pas suffisante pour reprendre complètement du poil de la bête. Elle m’a cependant offert quelque chose de précieux : un peu d’espace. Juste assez pour sortir la tête du guidon et revoir mes priorités.


(Petite parenthèse)

Je pense que quelques éléments de contexte s’imposent pour celles et ceux qui se sont inscrits récemment à ma newsletter et qui débarquent, in medias res, dans le tourbillon de mes réflexions.

Cela fait trois ans que j’écris religieusement, tous les samedis, pour épauler les candidats à l’agrégation.

Il y a un mois, j’ai décidé de faire une pause. Tout simplement parce que je n’arrivais plus à tenir le rythme entre mon nouveau poste à la fac de Nanterre, mes coachés, et ma vie de maman avec deux enfants.

(Je ferme la parenthèse.)



La reprise est toujours un moment difficile.

Par où je commence ?

Est-ce que je reprends là où on s’était arrêté… ou est-ce que j’accepte de ne pas rattraper, de laisser un blanc ?

Je suis sûre que cette question résonne en toi.

Quand on prépare l’agrégation, ce sentiment de décrochage est fréquent. Et souvent, ce qui nous empêche de nous y remettre, ce n’est pas un manque de motivation. C’est le retard accumulé.

On associe inconsciemment « s’y remettre » avec « reprendre exactement là où on s’était arrêté ».

Et c’est là que le bas blesse.

Ce n’est pas possible. Le temps qui est passé est derrière nous.

Dans ce cas-là, ce que je te conseille, c’est de rebattre les cartes. Tu te retrouves avec une nouvelle poche de temps et un objectif toujours là. La vraie question devient alors : qu’est-ce que tu peux faire pour optimiser le temps qu’il te reste ?

Oui, cela signifie que tu vas devoir faire une croix sur certaines parties de tes révisions.

Parce que les conditions ont changé.

C’est le jeu.

⚠️ Ce qu’il ne faut surtout pas faire, c’est entretenir cette attente irréaliste selon laquelle tu vas « bosser deux fois plus » pour rattraper ton retard.

Je t’arrête tout de suite.

Ne fais surtout pas ça ❌.


👉 Ta priorité, c’est d’arriver en forme aux écrits. On ne compose pas quand on est cramé.e. J’ai dans mes archives des centaines de témoignages de candidats qui s’en veulent d’avoir fait exactement cette erreur. Alors, s’il te plaît… pas toi.


Restons encore un peu sur ces attentes irréalistes, parce que c’est primordial de comprendre une chose :

vouloir tout faire parfaitement est la meilleure façon d’échouer.


Par exemple, ce matin, j’ai été tentée de dresser une liste exhaustive de tous les événements marquants de ces quatre dernières semaines. Ensuite, j’aurais pu croiser cette liste avec tous les mails reçus pour être au plus près de tes préoccupations. Puis classer le tout par thème, par concept, trouver des exemples concrets. Et bien sûr, identifier un fil conducteur capable de chapeauter l’ensemble. Sans oublier de respecter le format habituel : phrase d’accroche, exemple, conceptualisation, parallèle avec l’agrégation et conseils avisés.

Tu vois sûrement où je veux en venir.

Si j’avais cherché à respecter toutes ces contraintes — qui, soit dit en passant, ne tiennent qu’à moi — je n’aurais jamais été capable d’aller au bout de l’exercice.

C’était juste… too much.

À la place, je me suis fixé l’objectif suivant :

« Tu vas écrire ce qui te vient, ici et maintenant, avec sincérité et empathie, comme si tu parlais à un ami. Et cela constituera ta newsletter de la semaine. »

Et c’est exactement ce que j’ai fait.


💡 À retenir

Enlever la pression de la performance permet de produire un rendu.

Encore cette semaine, M. m'écrivait : "J'ai essayé à plusieurs reprises de faire des disserts, mais à chaque fois, je bloque ou je passe des jours à pondre un devoir, alors que je n'aurai que 7h"

C'est normal.

Ça ne veut pas dire qu'elle n'en est pas capable mais juste qu'elle se fixe un objectif irréaliste. Elle associe la dissertation avec ce truc parfait, problématisée, en trois parties qui mélangerait avec subtilité des reflexions fines et des exemples personnels, dans un style impeccable.

Non, ce n'est pas la définition qu'il faut choisir pour atteindre l'objectif. Je pense qu'on doit tous commencer par "je ponds un truc en 7h" avant de gravir les échelons suivants.

D’ailleurs, même quand on est au top, on doit se raisonner. Il y a peu de temps, l’une de mes coachées a décroché une très bonne note lors d’un entraînement de composition. Le lendemain, elle devait repasser un concours blanc. Or, une bonne note, c’est à la fois rassurant… et stressant. Parce qu’on se demande toujours si on sera capable de reproduire la performance.

À ce moment-là, elle m’a dit :

« Je n’y vais pas pour la performance, mais pour la mécanique du geste. »

Touché.

Tellement vrai.

Cette phrase pleine de sagesse fera office de conclusion pour cette newsletter qui ne respecte ni totalement les codes, ni vraiment la forme. Et c’est très bien comme ça.


🙏 Avant de te quitter, j’ai un petit service à te demander.🙏

Je suis à la recherche d’un.e candidat.e à l’agrégation de physique-chimie qui aimerait travailler en binôme avec une partenaire à la fois sympa et efficace.

Si tu es la personne qu’il me faut — ou si tu penses à quelqu’un — écris-moi directement ✏️.

bonne semaine,

Marie

🧑‍🎓 Marie MOTARD

Ma devise préférée : "Le succès est inévitable" Dans cet état d'esprit, j'ai créé une méthodologie simple pour réussir l'agrégation sans sacrifier sa vie personnelle. Si j'ai réussi à obtenir l'agrégation d'anglais sans avoir fait d'études d'anglais, vous le pouvez aussi.

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